27 novembre 2010

Quand bien même quelqu'un lirait ceci, saurait-il comprendre cela ?

La journée qui a précédée mon départ, fut comme une putain d'illumination.
Au-delà des départements et des régions que je n'avais
jamais traversés, il y avait des gens qui me ressemblaient trait pour trait.

Je me suis aperçue, à la lumière de sa compassion que
ce que j'avais toujours vécu n'était pas si facile.

Pourtant quand je reviens là où toutes ces choses se sont toujours passées,
lentement ; c'est comme ci tout avait soudainement changé.

Mettre les mots sur cette nouvelle vie, ça ne peut pas être joli. Et ça paraîtra toujours
cliché face à la réalité des choses. C'est banal, de changer de ville pour ses études.
Tellement pourri, de changer pour une ville moyenne de surcroît.

Mais quand je reviens là, je mesure la petitesse qui fait la grandeur de cette ville. Et ce petit évènement qui, certes est tamponné par le sceau de l'Etat, tient sur un tout petit bout de papier,
a changé toute ma perception du temps, des choses, de la vie.

Je pars très loin en hiver. Beaucoup trop loin pour tapoter tout ce que je rumine sur un truc en plastique. Mais je tente quand-même. Parce qu'en une après-midi, j'ai la sensation d'avoir, un peu, revécu toutes les passes de cette vie ici.

Je l'ai fait seule.
Parce que, la personne avec qui j'allais boire un diabolo menthe au bistro glauque n'est plus là pour commander son demi.
Parce que cette femme chez qui je m'arrêtais pour jouer à la Xbox non plus.
Parce que je n'existe plus pour la fille avec qui j'ai parcouru ce centre-ville de long en large.
Parce que celle avec qui j'allais enrichir ma pute de culture chez Marie-Pierre est responsable, et donc absente, elle aussi.

Sans moi, ce coin où j'ai toujours vécu continue.
C'est lâche, c'est moche. Moi j'ai jamais su continuer sans elles, sans lui.
Comment ils peuvent foutre des échafaudages sur cette maison en pan de bois devant laquelle
je suis toujours passée ? Comment celle-ci a pu cramer alors que je n'étais pas là ?
Comment tous ces nouveaux visages ont pu apparaître, sans que jamais je ne les aient vu
arriver ? Pourquoi cet escalier casse-gueule me paraît maintenant triste avec des gens qui se contentent de gravir les marches ?

Si il me reste un deuil à faire, c'est bien celui-ci - mais c'est pas pour maintenant.